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Le nombre de corps non reclames a presque double au Quebec lors de la derniere decennie.

12 de maio de 2022 clover connexion

Le nombre de corps non reclames a presque double au Quebec lors de la derniere decennie.

Nous avons voulu savoir pourquoi.

Un nombre alarmant de Quebecois meurent dans la solitude la plus complete. Personne Afin de constater qu’ils ne sont environ votre monde ; personne pour s’occuper de leurs funerailles et leur rendre un dernier hommage. Ils finissent dans des fosses communes, dans l’indifference presque totale. Comment en est-on arrives la ? Pour comprendre, notre journaliste a remonte l’histoire de quelques-uns des defunts oublies.

Richard le solitaire

L’odeur m’assaille des que je m’engage au couloir menant a l’appartement, au troisieme etage d’un immeuble de logements sociaux pour personnes agees, pres du pont Jacques-Cartier, a Montreal. Un melange de viande avariee, de camion a ordures et d’egouts. Un relent acre et collant, qui semble s’incruster dans ma peau, s’accrocher dans ma gorge, ainsi, qui me laissera nos narines a vif, hypersensibles a toute odeur animale.

C’est cette puanteur qui possi?de inquiete les voisins et les a pousses a alerter les secours. Le 24 avril, si les policiers sont entres dans le logement, Richard J.* etait fond depuis deja deux semaines.

La depouille de l’homme de 62 ans vient d’etre emportee quand j’arrive i  propos des lieux, en compagnie des nettoyeurs charges d’effacer des traces du drame. Acheve par une maladie coronarienne, il souffrait de plusieurs maux chroniques, apprendrai-je en lisant le rapport du coroner qui enquetera i  propos des circonstances du deces. A voir les eclaboussures rougeatres qui souillent le plancher du petit trois-pieces, sa mort n’a jamais ete paisible. Richard J. a lutte.

Cela a du vomir du sang en jets explosifs, d’abord pres de le lit, puis dans la salle de bains et, enfin, dans le salon. C’est la, partout, affaisse sur le flanc, qu’il a rendu le soir souffle. A cet endroit, le sang s’est fige en une couche epaisse, visqueuse et texturee, d’un rouge sombre. Une mouche paresseuse s’attarde alentour. Au milieu une tache, je decouvre une touffe de cheveux noirs, epais et drus comme ceux d’une vieille poupee, qui paraissent restes colles dans le sol lorsque son corps fut emmene.

Tout pres, via le sol, git le portable, le fil a demi englue dans la flaque coagulee. Peut-etre Richard J. a-t-il tente d’appeler a l’aide dans ses derniers moments ? « Cela etait ben malade, me raconte une voisine, Paulette Lalonde. Je lui avais dit : “Si jamais vous vous sentez mal, vous avez juste a cogner au mur de votre chambre, je vais appeler quelqu’un.” » Mais i§a n’a rien entendu. « J’ai ete des jours a y penser, ajoute-t-elle, ebranlee. S’il faudrait qu’il ait pati une couple de jours sans elle avant de mourir… »

De surcroit outre Quebecois s’eteignent dans la solitude, symptome d’une societe ou l’on vit toujours plus chacun de le cote. Lorsque aucun membre d’une famille ne se manifeste pour prendre en charge la depouille, celle-ci est declaree « non reclamee », une etiquette administrative qui semble convenir davantage aux choses qu’aux etres. Dans plusieurs cas, on ne trouve personne dans l’entourage du defunt ; dans d’autres, des amis survivent mais refusent d’assumer la responsabilite des funerailles.

Le nombre de corps non reclames a limite double au Quebec lors d’une derniere decennie, etant passe de 213 en 2008 a 399 en 2016, selon les donnees fournies par le ministere en Sante et des Services sociaux (MSSS) et avec le Bureau du coroner, les deux entites qui gerent ces cadavres. Dans l’intervalle, le nombre total de deces n’a progresse que de 11 %.

Le Quebec detient d’ailleurs le record canadien a votre chapitre, enregistrant environ morts non reclames que toute nouvelle province, y compris l’Ontario. Quand on calcule un moyenne annuelle depuis 2008, le nombre de cas au Quebec depasse de 29 % celui de sa voisine ontarienne.

Or, l’Etat quebecois se soucie peu du soir repos des esseules. Ici, contrairement a d’autres instances au Canada et aux Etats-Unis, l’Etat reste trop chiche afin d’offrir une sepulture digne aux chefs d’entreprise qui meurent sans rien ni personne. Ils finissent limite clover l’ensemble de inhumes sans ceremonie dans une fosse commune, sans une parole ou une priere pour des saluer, sans la moindre plaque qui les identifie. Oublies de leur vivant, anonymes dans la fond.

Tout pres, sur le sol, git le telephone, son fil a demi englue dans la flaque coagulee. Peut-etre Richard J. a-t-il tente d’appeler a l’aide dans ses derniers moments ?

Mes deux employes de l’entreprise Dryco s’attellent a nettoyer cela reste de l’agonie de Richard J. Couverts d’un survetement de plastique blanc a capuchon, de gants de caoutchouc et d’un masque respiratoire, Nathalie Drouin et Frederic Tremblay (qui forment aussi un couple) ont l’air de techniciens de laboratoire affrontant un dangereux virus. Suant a grosses gouttes dans cet attirail, Frederic demonte au marteau et au pied-de-biche les lattes rougies de sang du sol, puis Nathalie, a quatre pattes, armee de desinfectant, de torchons et d’une simple brosse, frotte le sous-plancher ou nos fluides corporels se sont infiltres. Un purificateur d’air et un diffuseur d’huiles essentielles resteront en roule toute la nuit Afin de eliminer cela subsiste d’odeurs et de contaminants.

Maladroite et suffoquant dans l’equipement protecteur que j’ai revetu moi aussi, je circule dans l’appartement sans trop savoir ou mettre les pieds. Richard J. y avait mis du sien Afin de amenager un logis rejouissant, propre, impeccablement range. Plusieurs bibelots a l’effigie de Jesus et de Sophie sont disposes legerement partout. Au salon, des poissons rouges vivotent i  nouveau au sein des trois aquariums qui emplissent nos lieux d’un glouglou insistant. Des figurines d’animaux en laiton forment 1 elegant troupeau sur le manteau en cheminee. Dans la chambre, votre chiot en peluche monte la garde via le lit une place.

Qui sait de quoi son quotidien etait fera. Il vivait de l’aide sociale, souffrait de diabete, d’hypertension et d’alcoolisme, se nourrissait probablement peu ou mal. Des boites de soupe aux pois ainsi que jus de tomate s’entassent au garde-manger ; le frigo, limite vide, ne inclut que deux enormes bouteilles de biere, un sac d’oignons, du beurre d’arachides et des condiments. Sa voisine Paulette Lalonde le voyait de temps en temps bouger se balader concernant son triporteur. « lorsqu’il faisait excellent, il partait de bonne heure et il revenait juste le soir. »

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